Séjour Erasmus, l’expérience d’une vie.
Nous avons tous·tes déjà entendu parler des échanges Erasmus, mais savons-nous réellement en quoi ils consistent ? Chaque année, 900 étudiant·e·s étranger·e·s réalisent un échange académique pour venir découvrir l’Université ainsi que la culture liégeoise. En contrepartie, environ 800 étudiant·e·s de l’ULiège partent explorer l’Europe, et parfois le monde, pendant quelques mois. Cette expérience unique amène son lot de joies et de peines. Des rencontres humaines aux changements culturels, le P’tit Torê a recueilli le témoignage de trois jeunes ayant participé à un échange Erasmus. Sergio, Robin et Emma ont accepté de se livrer sur ce moment particulier de leur vie étudiante.
Qu’est-ce que le programme Erasmus + ?
Le programme Erasmus +, né en 1987, offre la possibilité aux étudiant·e·s européen·ne·s d’étudier à l’étranger. Le but est d’apprendre et de s’enrichir tant sur le plan académique que sur le plan humain. Plus qu’un simple échange académique, il s’agit surtout de vivre une expérience personnelle marquante, comme l’explique Sergio Osorio, étudiant espagnol en ingénierie : « L’université apporte des connaissances pour une future profession. L’Erasmus quant à lui sert à se connaître et entrer en relation avec des gens du monde entier. C’est une expérience inoubliable. »
Et la ESN ?
L’Université de Liège a mis en place plusieurs services pour les programmes d’échange. Une des mesures importantes prises, outre la présence d’un département pour tous·tes les étudiant·e·s internationaux, est sa collaboration avec la deuxième organisation étudiante d’Europe, la ESN (Erasmus Student Network). Elle aide les étudiant·e·s en favorisant leur intégration dans le pays d’accueil ainsi qu’en faisant la promotion de l’esprit interculturel. Pour cela, elle organise notamment des voyages et des fêtes.
La ESN de Liège est dirigée par des étudiant·e·s, dont Robin Hanciaux. Étudiant liégeois en langues romanes, il a réalisé un Erasmus en Espagne. Après avoir passé un entretien basé sur une série de questions personnelles, les étudiant·e·s recruté·e·s dans le cercle vont se répartir en différentes teams : voyages, communication, events, etc. Comme l’indique Robin, la participation à la ESN n’est pas rémunérée. Cependant, bien d’autres bénéfices émergent : « On gagne beaucoup personnellement. C’est super enrichissant. Je m’y suis fait mes meilleurs amis. » Il faut aussi savoir qu’un investissement reste nécessaire : « On doit s’organiser et garder nos cours à jour. »
La ESN offre également certains avantages aux étudiant·e·s Erasmus, tels qu’une carte leur permettant de voyager en Europe à faible coût. Elle organise des activités chaque semaine dans différentes rues de Liège : les journées d’accueil où la bière est offerte, les mardis karaoké au Sympa Bar, le sport et la course à pied dans la ville le mercredi ou encore les journées de dîner belge à la Fédé. « Les activités de la ESN permettent d’ouvrir le cercle de relations, mais aussi de rencontrer des amis qu’on ne voit pas si souvent. » dit Sergio.
L’Erasmus sous l’angle académique.
Les échanges Erasmus sont disponibles dans toutes les facultés et à partir de la première année à l’Université. Les étudiant·e·s qui arrivent à l’ULiège doivent choisir leurs matières, similaires à celles de leur pays d’origine. Celles-ci peuvent appartenir à n’importe quelle année de bachelier ou de master. De cette manière, les étudiant·e·s ont l’occasion de rencontrer des personnes de tous les âges. Pour celleux qui partent, le fonctionnement est un peu différent. Robin nous expose la différence entre la Belgique et l’Espagne : « En Espagne, les évaluations continues, les travaux et les présentations comptent pour 70% et l’examen seulement pour 30%. Ce système nous impose un travail plus régulier. Alors qu’ici à Liège, seul compte l’examen final, on nous incite à être plus responsables. »
Au cours de l’Erasmus, les jeunes ont la possibilité de rencontrer un coordinateur afin de discuter des éventuels changements dans leur contrat d’études, le learning agreement. Chaque faculté exige différents critères pour que les étudiant·e·s soient accepté·e·s, en plus de ceux communs à l’Université. « On me demandait des notes, d’avoir fini toutes les matières de première et d’avoir au moins un B1 en français. » explique Sergio. Emma Ota, étudiante japonaise en économie, devait quant à elle présenter la certification Toefl [attestation de la maîtrise de la langue anglaise à un niveau universitaire, NDLR] ou avoir un niveau medium d’anglais.
Chaque pays ou région a des fonds pour les étudiant·e·s en échange international. « Au niveau financier, il y a énormément d’aides qui sont mises en place », affirme Robin. En Espagne, tout le monde peut recevoir de l’argent mais la somme précise varie en fonction des régions. Au Japon, c’est un peu plus complexe : tous·tes les étudiant·e·s ne peuvent pas accéder aux aides économiques parce qu’il faut avoir de très bonnes notes, comme l’explique Emma.
La découverte d’une nouvelle culture.
Pour la majorité des étudiant·e·s étranger·e·s, découvrir une nouvelle culture est une des raisons qui poussent à faire un échange. Selon Sergio, les différences culturelles entre l’Espagne et la Belgique sont surtout présentes lors des soirées. « Ici il y a plein de bars, des fêtes pour étudiants. Tout le monde se connaît. Les Belges boivent de la bière alors que les Espagnols demandent plutôt des cocktails. » Les différences ne s’arrêtent pas là, les horaires en Espagne sont aussi complètement décalés, ce qui a un peu déstabilisé Robin : « De deux heures à cinq heures de l’après-midi, à l’heure de la sieste, il n’y a plus personne qui vit. Tandis qu’ici c’est le moment le plus important. En Espagne, la journée recommence le soir. J’avais cours de dix- neuf à vingt-et-une heures et le supermarché était ouvert jusqu’à vingt-deux heures. » Au début, il avait l’impression d’être en vacances, « Il y a la plage, le soleil et la fête. C’était un peu dur de penser que ça allait être ma vie pendant cinq mois. Mais c’était agréable, j’ai l’impression que les gens courraient moins dans tous les sens. »
Cette différence culturelle déjà marquée entre les pays Européens peut s’accroître davantage lorsqu’on quitte le continent. Emma a voyagé dans de nombreux pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas, la Norvège, le Luxembourg ou encore le Portugal. Elle a pu se forger une nouvelle opinion sur les Européen·ne·s : « Je me suis rendu compte que les caractéristiques et personnalités sont complètement différentes selon le pays. Tout le monde profite de la vie à Liège, alors qu’au Japon ce n’est pas normal de faire la fête. Pour s’amuser, ils font du shopping ou se promènent dans les parcs. Ici la vie nocturne est active, au Japon on profite plutôt de la journée. »
De prime abord envisagés comme des échanges universitaires de quelques mois dans un autre pays, nous pouvons constater que les voyages Erasmus marquent à jamais les étudiant·e·s qui les réalisent. Iels sortent grandi·e·s de cette expérience. « Je pense que faire un parcours universitaire sans Erasmus est une grosse erreur. » dit Sergio. Ces échanges poussent les étudiant·e·s à se surpasser dans les moments difficiles et à s’adapter à de nouveaux environnements. L’Erasmus permet également une remise en question sur son avenir et son mode de vie. L’expérience a notamment apporté à Emma plus de temps pour penser à elle et son futur. Ainsi, les bénéfices d’un séjour Erasmus ne sont plus à démontrer. Le mot de la fin est laissé à Robin : « Tu te retrouves seul face à la vie, tu apprends à aller plus facilement vers les autres, à parler une autre langue, à t’adapter à une culture qui n’est pas la tienne. Ça a été la meilleure année de ma vie. »
Romane Muselle et Sofía Álvarez