« N’écoutez pas les dinosaures ! » : Entretien avec Laurent Renerken, rédacteur en chef de l’édition 2005 du P’tit Torê
Quand toi tu apprenais à peine à écrire ton nom correctement, lui écrivait déjà pour Le P’tit Torê !
Le P’tit Torê : Comment es-tu arrivé au P’tit Torê ?
Laurent Renerken : Je cherchais une activité à faire après les cours. Je suis arrivé un peu par hasard chez 48fm, la radio universitaire. À l’époque, ça consistait à deux heures d’émissions par semaine. De fil en aiguille, on m’a proposé d’écrire des articles pour le P’tit Torê. Le journal était divisé en trois parties : une partie académique, une partie culturelle et une centrée sur la vie étudiante. Cette dernière présentait les actualités des cercles avec chaque mois un cercle à l’honneur.
PT : Qu’est-ce que Le P’tit Torê t’a apporté ?
Laurent : Se rendre à l’Université signifie travailler pour un diplôme. Ce que tu fais à côté, c’est ce qui t’amène encore plus loin. Il s’agit d’une expérience de terrain, cela permet de développer un certain réseau. On croise des gens d’autres facs qu’on n’aurait jamais connus sans Le P’tit Torê. Après 20 ans, je suis encore ami avec certain·e·s d’entre elleux. En plus, les années 2000 marquent le début du programme Erasmus. Il y avait toujours des activités et des évènements à la Fédé. C’était une chouette occasion de rencontrer des gens.
Ensuite, on s’est embarqué dans la création du premier Unifestival en 2007, inspiré par la Nocturne de l’ULB. Le côté gestion de projets m’intéressait. C’était enrichissant. On s’était mis en tête de construire une réplique en bois du Torê et de l’amener à Bruxelles, style cheval de Troie. Finalement, on s’est rendu à Bruxelles mais les Bruxellois·e·s étaient tellement hautains qu’on a préféré faire demi-tour. Il a siégé dans la cour de la Fédé pendant six ans.
PT : As-tu une anecdote à raconter ?
Laurent : Jadis, Le P’tit Torê a fait scandale. Pendant les premières élections étudiantes après le décret participation, le rédacteur qui m’a succédé était plus provocateur. L’une de ses Unes représentait Staline insérant un bulletin de vote dans l’urne afin d’inciter les étudiant·e·s à voter. Évidemment ça n’est pas passé. Le recteur a dénoncé cette édition. Il disait que les étudiants reniaient le passé. Et le rédacteur avait répliqué « je vous rappelle que Staline est docteur honoris causa de l’ULg. » C’était de la provoque débile mais ça a bien buzzé.
Un autre souvenir marrant avec l’équipe serait notre article sur les pique-assiettes. Tous les jours, l’ULiège organisait un drink, une conférence ou autres. On était conviés à des événements qui n’avaient rien à voir avec Le P’tit Torê. Finalement, c’était devenu un passe-temps, on jouait aux pique-assiettes. On en avait même fait un article bidon. On rédigeait des faux témoignages d’étudiant·e·s avouant taper l’incruste pour la bouffe et le champagne. L’un d’elleux avait toujours une cravate dans son sac. Au cas où il y aurait un évènement. Il arrivait que nous nous fassions repérer par les serveur·e·s et les photographes.
PT : As-tu un conseil à nous donner pour l’édition du P’tit Torê 2023 ?
Laurent : N’écoutez pas les dinosaures, faites vos trucs ! Ce qui est intéressant pour l’Université de Liège, c’est que le sujet reste les étudiant·e·s et les initiatives estudiantines. À mon époque, un de mes amis avait écrit un article sur l’accès aux personnes à mobilité réduite sur le site du Sart-Tilman. Il avait emprunté une chaise roulante pour la journée et a décidé de dénoncer le manque d’inclusion de la part de l’Université. Il faut continuer ce type d’actions.
Laura Maestre Mendez et Nora Belgomri